Vu intérieur
Son prénom, trois notes en Belinda, augure l’entame d’un récitatif de Purcell. Et son nom a tonalité d’aria sforzando mozartienne : Cannone.
Son beau livre nous initie à la patience de l'arbre. La langue fait chatoyer le Temps que l'artiste vit dans une intensité qui provoque l'instant - rare - où il se produit du nouveau.
Battement de ciel, battement de cil, essentiels.
Les mots sillons
Sur le dos du livre, nous lisons - et l’éditeur peut s’honorer d’une si vaillante plume - : Belinda Cannone est romancière. On peut l'imaginer aussi, obstinément, trapéziste accorte. Trapéziste étant le féminin de trapéziste et trapèze signifiant table à quatre pieds en grec ancien ou aussi amas d'étoiles dans la nébuleuse d'Orion.
Altière comme Mademoiselle Else, cavalière comme Mademoiselle Julie ou légère en brune Ophélie aux herbes folles, la guetteuse de Chêne romance en altitude. Mélancolie en moins. Quand plein ciel, faisant tanguer les mots si haut, les mots sillons, elle dit simplement l’émotion d’être vivante.
Hêtre ou ne pas hêtre
Le songe se précise alors - plus exact - Belinda Cannone est voltigeuse. Romancière-voltigeuse, ce qui fait battre le cœur du texte.
Alors chaque mot dans sa ligne d’envol est invitation au poème fugitif :
Chaque jour
Le battement de la lune
Sur l’igloo en feu
©Antoine Campo
Battement de ciel et Battement de cil font allusion aux photos de l'auteure en regard des textes.